Références

  • Titre : « Extraits de la conférence de Paulo Freire au Séminaire des éducateurs Freinet du Nord-Est à Olinda-Pernambuco, Brésil »
  • Auteur : Paulo Freire
  • Revue : Le Nouvel Éducateur, octobre 1991, p.4.
  • Date du séminaire original : 1990
  • Période freirienne : Retour au Brésil (1980-1997)

Catégories : Conférences et séminaires

Notes : Ce séminaire avait pour but de développer et d’approfondir la pédagogie Freinet au Nord-Est du Brésil. Dans cet extrait, Paulo Freire revient sur la concordance de ses idées et objectifs avec ceux de Célestin Freinet.

Extraits de la conférence de Paulo Freire au Séminaire des éducateurs Freinet du Nord-Est à Olinda-Pernambuco, Brésil

Les rêves de Freinet sont aussi mes rêves. Il y a concordance de nos rêves et de nos objectifs : la lutte, l’engagement permanent pour une éducation populaire, pour une école qui tout en étant sérieuse n’a pas honte d’être heureuse.

Je vois les mêmes questions problématiques dans l’éducation brésilienne que celles que Freinet a vues dans l’éducation française. Je les appelle « dicotomias ». En portugais cela signifie séparer les choses qu’on ne peut jamais séparer, parce qu’elles constituent une unité. Par exemple, la pratique et la théorie.

Je propose aux enseignants de réfléchir à leur pratique parce que c’est à travers la réflexion que l’on arrive à la théorie et que l’on comprend de façon plus rigoureuse, plus profonde, la raison d’être de la pratique et des objectifs de cette pratique. Dans l’école brésilienne, ce que nous trouvons, c’est l’excès d’intellectualisme et de verbalisme oiseux. Comment est-il possible d’enseigner à Pierre si l’enseignant ne connaît rien de la vie de Pierre, de ses loisirs, de ses désirs ?

Le désir a une force fantastique sur l’apprentissage. Supprimer la distance entre la théorie et la pratique suppose, de la part de l’adulte, une remise en question personnelle lui permettant de surmonter les marques idéologiques qui le conditionnent.

Cela ne peut se faire qu’à travers de nouvelles structures de travail et de pouvoir à l’école. Le travail intellectuel a une relation avec l’oisiveté de la bourgeoisie et le travail manuel a son essence dans les classes populaires. L’école continue à reproduire cela.

Une autre contradiction, « dicotomia » est celle que l’on trouve entre la pratique de la liberté et l’autorité. Nous n’avons pas besoin d’atrophier ni la liberté ni l’autorité dans une pratique démocratique comme celle rêvée par Freinet. Il n’y est question ni d’une liberté rebelle ni d’une autorité autoritaire. La construction de la liberté impose des limites. Il doit y avoir équilibre entre liberté et autorité et non une distance entre les deux. Le Conseil de l’école instaure une pratique de la liberté mais il peut être aussi autoritaire

Voici les vertus que doit avoir l’éducateur :

  • amour de sa pratique
  • courage de lutter pour elle (politisation de l’éducateur)
  • tolérance (apprendre à être en contact avec la différence, l’antagonisme)
  • confiance
  • espoir (il n’y a pas d’espoir en dehors de la « praxis ». Avoir l’espoir c’est avoir une action).

Freinet n’en est jamais resté aux discours d’espoir. Pour lui le temps de l’attente, c’était un temps d’action.

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